Les inondations qui ont frappé la Wallonie les 15 et 16 juillet dernier resteront dans l’histoire. Les sous-bassins hydrographiques de la Vesdre et de l’Ourthe ont été touchés de plein fouet, mais le sous-bassin de la Sambre n’a pas été épargné.
La Wallonie est régulièrement touchée par des inondations (1925, 1965, 1980, …, 2016, 2021). Mais ces épisodes ont principalement lieu en hiver lors de la fonte des neiges. Au printemps et en été, on assiste en général à de gros orages, ce qui cause plutôt ruissellement et coulées de boue.
Dans le cas des inondations de ce mois de juillet, l’exceptionnelle quantité de pluie tombée sur 2 jours serait liée à un phénomène météorologique bien particulier, comme l’a expliqué David Dehenauw, chef du service prévision à l’IRM : « entre mardi et vendredi, un front occlus très actif restera quasi stationnaire sur une partie du pays et provoquera de la pluie abondante sur la moitié est du pays » (Le Soir, dossier du 4 août 2021). Fort de son passé, en Belgique, la gestion des inondations est une priorité. Néanmoins, le caractère exceptionnel des précipitations a rendu la gestion de crise compliquée. Aujourd’hui, le SPW s’attèle à rassembler toutes les données liées à ces inondations afin d’améliorer les cartes de zones inondables, ainsi que le processus de gestion des inondations.
Qu’est-ce qui provoque/accentue une inondation ?
Les inondations trouvent leur origine dans les précipitations (pluie, neige, grêlons,…) caractérisées par une intensité et/ou une durée élevée.
Les pentes importantes augmentent le phénomène de ruissellement des pluies, causant des inondations par ruissellement et/ou des inondations par débordement des cours d’eau lorsque le ruissellement arrive jusqu’à ceux-ci.
La bonne capacité d’infiltration des sols atténue l’arrivée d’eau massive vers les cours d’eau, mais a contrario, lorsque les sols et surfaces sont plus imperméables, le ruissèlement est accru.
La configuration même du réseau hydrographique a une influence sur les inondations : rugosité du lit et des berges, géométrie du lit de la rivière, … La végétation du bassin versant ralentit les eaux de ruissellement, et améliore les capacités d’infiltration des sols.
Les activités anthropiques accentuent les risques d’inondation.
Les sols imperméabilisés du fait de l’urbanisation (voiries, trottoirs, constructions) n’infiltrent pas du tout les eaux de pluie, qui cheminent dès lors directement vers les réseaux d’égouttage, et in fine les cours d’eau.
L’imperméabilisation des berges influence négativement les inondations par débordement des cours d’eau.
Certaines pratiques agricoles peuvent laisser de grandes étendues de sols nus du fait de cultures peu couvrantes au printemps, période de fortes pluies. Un sol mis à nu présente une faible capacité d’infiltration, augmentant le phénomène de ruissellement.
Quel cadre légal couvre les inondations en Belgique ?
En 2003, la Wallonie adoptait le Plan prévention et lutte contre les inondations et leurs effets sur les sinistrés (PLUIES). EN 2007, la directive européenne Inondations voit le jour. Elle prévoit notamment la mise en place des Plan de Gestion des Risques d’Inondations (PGRI), créés en 2016.
Les PGRI comptent plusieurs objectifs opérationnels compris dans les 4 étapes de la gestion des inondations :
- Prévention: Limiter les dégâts des inondations par exemple en améliorant le bâti, en évitant de construire en zone inondable (amélioration des connaissances sur les zones inondables), en limitant l’imperméabilisation des sols, …
- Protection: Mise en place de mesures locales pour réduire les inondations à un endroit donné en créant des zones de rétention, en maintenant des zones naturelles inondables lors des crues, en créant des ouvrages de lutte contre le ruissellement, …
- Préparation : Elaboration d’un plan d’intervention d’urgence reprenant l’information des riverains dans le cas d’inondations imminentes. Mise au point de systèmes d’alertes liés au débit des cours d’eau, de systèmes de distribution de sacs de sable, …
- Réparation et analyse post-crise: Permettre un rapide retour à des conditions normales après les inondations. Apporter un soutien financier aux sinistrés, de l’aide au nettoyage, la restauration des bâtiments touchés. Enfin, collecter les données post-crise et les retours d’expérience afin d’améliorer le processus.
Dans le cadre de cette analyse post-crise, l’équipe du Contrat de Rivière Sambre et Affluents s’est rendue dans les zones les plus touchées de son bassin afin de documenter les inondations pour aider le SPW à optimiser les outils de gestion des inondations.