Source : Contrat de rivière Senne
S’il y a bien une idée reçue partagée par les citoyens en matière d’inondation, c’est qu’on ne cure plus assez les cours d’eau, qu’on n’a donc pas raclé le fond et les berges du cours d’eau, afin d’en extraire les sédiments qui s’y sont déposés.
Et ce n’est d’ailleurs pas dénué de logique ! Si le lit du cours d’eau est curé, il laisse plus de place au ruisseau, qui peut augmenter son débit sans déborder. Pourtant, au cours des dernières années, nous avons pu observer un changement de paradigme dans la lutte contre les inondations, avec la diminution du curage comme étant un des exemples les plus parlant.
Mais pourquoi augmenter le débit n’est pas une bonne idée ?
Cela dépend, le curage reste une mesure utilisée dans certains cas. On vous explique.
Dans la lutte contre les inondations, nous sommes passés d’une stratégie d’augmentation du débit (ex : curage et rehaussement des berges), à une stratégie de ralentissement des eaux (ex : renaturation des cours d’eau et travail sur le ruissellement).
Pour comprendre cette démarche, il faut se référer à la figure ci-dessous.
Anciennement, l’objectif était d’augmenter le débit du cours d’eau, afin d’évacuer les eaux de pluie le plus rapidement possible. Cependant, cette démarche rehausse le pic de crue, qui finit par faire des dégâts en aval. Aujourd’hui, on essaie plutôt d’écrêter le pic de crue (ligne verte) en ralentissant les eaux, ce qui permet de diminuer le débit maximum du cours d’eau et diminue ainsi le risque que le cours d’eau ne sorte de son lit, en amont comme en aval.
Pour cela, on va préserver le fond rocailleux, laisser la végétation proliférer, garder les méandres, etc. Ces mesures misent bout à bout vont dissiper l’énergie de la rivière, avant que cette dernière ne déborde dans nos jardins.
Le curage n’en a cure de la biodiversité.
De plus, le curage est néfaste pour les écosystèmes aquatiques. Vous vous doutez bien que le fait de racler le fond et les berges des cours d’eau ne peut en effet pas être bénéfique pour les poissons, les larves, les plantes ainsi que la macrofaune qui profitent des berges. Cela impacte également l’hétérogénéité du lit du cours d’eau en termes de rugosité, de hauteur d’eau, de sinuosité, toutes ces caractéristiques qui créent un environnement favorable à la biodiversité, et qui ralentissent l’écoulement.
Pour un curage raisonné.
En conclusion, le curage peut rester une solution d’urgence, uniquement si une zone de débordement est présente en aval, et ce après avoir évalué les autres options d’aménagement (envasement, dépôt, entraves, etc). Cependant, il est aujourd’hui recommandé de travailler sur l’abaissement du pic de crue, afin de limiter la possibilité que la rivière ne sorte de son lit, et endommage les habitations. La limitation du curage est donc un plus dans la lutte contre les inondations, et la nature nous dit merci.
Plus d’informations ?
Si cela vous intéresse, vous trouverez plus d’informations dans cette brochure que nos collègues du Contrat de Rivière de la Meuse-aval ont réalisé, et dont bon nombre d’informations de cet article sont issues .