Les contrats de rivières (CR) de Wallonie collaborent avec le SPW depuis plusieurs années afin d’assurer la surveillance et la lutte contre les espèces exotiques envahissantes dans les milieux aquatiques et rivulaires. Depuis le début 2023, cette collaboration fait l’objet d’une convention horizontale.
Les espèces exotiques envahissantes (EEE) sont l’une des causes principales de la perte de la biodiversité, et menacent aussi bien notre écosystème que la santé humaine. Afin d’agir pour contrer ces espèces, le Gouvernement de Wallonie veut agir à la fois sur la gestion des espèces envahissantes déjà largement répandues, et sur la prévention, la détection et la gestion précoce des espèces émergentes, ces espèces encore très peu disséminées dans l’environnement. Il est en effet plus facile et moins onéreux de gérer les EEE lorsqu’elles ne sont pas encore trop répandues dans l’environnement.
En 2023, l’ensemble des Contrats de Rivière de Wallonie ont réalisés des inventaires avec cet objectif de détection précoce de 32 espèces végétales et 11 espèces d’écrevisses vivant dans les milieux aquatiques et rivulaires.
1. Les espèces émergentes
Inventaire des Espèces Exotiques Envahissantes aquatiques et rivulaires
Deux étudiants ont été engagés pour renforcer notre équipe durant le mois de juillet dans le cadre de cet inventaire. 121 sites ont été vérifiés lors du premier semestre. 29 ont révélé la présence d’espèces émergentes et 10 étaient envahis par l’élodée de nuttall (Elodea nuttallii), espèce considérée comme largement répandue.
Espèces émergentes recensées sur le territoire :
- poivre de Chine (Houttunyia cordata) : 1 site
- hydrocotyle fausse-renoncule (Hydrocotyle ranunculoides) : 19 sites
- élodée à feuilles alternes (Lagarosiphon major) : 1 site
- jussie rampante (Ludwigia peploides) : 1 site
- faux arum (Lysichiton americanus) : 1 site
- myriophylle hétérophylle (Myriophyllum hétérophyllum) : 1 site
- Pétasite du Japon (Petasites japonicus) : 2 sites
- pontédérie à feuilles en cœur (Pontederia cordata) : 2 sites
- Lézardelle penchée (Saururus cernuus) : 1 site
Les écrevisses
Durant le mois de septembre et octobre 2023, l’équipe du CRSA a inventorié les écrevisses exotiques sur 29 étangs situés en zone urbanisée et étangs de pêche sur l’ensemble du bassin de la Sambre. Pour ce faire, notre équipe a posé des nasses dans des plans d’eau où les écrevisses étaient susceptibles d’avoir été introduites.
La présence d’écrevisses a été constatée sur 10 sites : 8 étaient colonisés par l’écrevisse signal (Pacifastacus leniusculus) et 2 par l’écrevisse américaine (Faxonius limosus). Aucune observation d’écrevisse exotique dont la présence était inconnue jusqu’ici en Wallonie n’a été rapportée au terme de cet inventaire. L’effort de prospection devra être poursuivie en 2024.
N.B. : Si vous êtes propriétaire ou si vous connaissez un plan d’eau suspect d’être envahi par une plante aquatique envahissante ou écrevisses, merci de contacter le Contrat de rivière afin d’envisager une visite de terrain (info@crsambre.be ou 071/96.07.18).
2. La gestion des EEE déjà présentes sur le territoire
Berce du Caucase
Début du printemps 2023, l’équipe du CRSA a vérifié 110 sites historiques de berce du Caucase répartis sur l’ensemble du territoire de la Sambre. La présence résiduelle de la berce a été constatée sur 29 sites. Ces résultats suggèrent que les actions de lutte coordonnées à l’échelle de la Wallonie depuis 2011 ont probablement conduit à l’éradication locale de la plante sur de nombreux sites.
Les efforts de lutte et de surveillance devront être poursuivis avec nos communes partenaires afin d’espérer une éradication sur le long terme.
Balsamine de l’Himalaya
Cette année, 4 étudiants répartis en deux équipes ont sillonné près de 180 km de cours d’eau répartis sur 17 communes du territoire.
Au fil des années, l’équipe du CRSA constate que les efforts de gestion commencent à porter leurs fruits. Sur certains tronçons de cours d’eau, les populations sont en nette régression : parc Nelson Mandela (Charleroi), Gembloux (ruisseau de Lonzée, l’Orneau), Jemeppe sur Sambre (l’Orneau), Sombreffe (l’Orneau), Pont-à-Celles (ruisseau du Buzet), Florennes (l’Eau d’Yves et ses affluents).
Un effort de recherche particulier a également été réalisé sur les secteurs à haute valeur conservatoire encore peu colonisés par la plante de manière à évaluer la faisabilité de l’éradication locale de la plante sur ces zones situées sur les cours d’eau de Sivry-Rance, le sud de Froidchapelle et le Nord-Ouest de Chimay. En 2023, l’ensemble de ces zones prioritaires (environ 70 km de cours d’eau) étaient exempt de balsamine.
Renouées asiatiques
Le CRSA collabore avec plusieurs communes partenaires afin d’établir un plan de gestion de sites envahis par les renouées asiatiques. Ces plans sont divisés en plusieurs étapes :
- Identification des sites de renouées sur la commune
- Choix des sites prioritaires
- Visite des sites pour validation et choix de la méthodologie
- Mise en application
Le CRSA participe à la gestion de deux sites depuis plusieurs années, à Floreffe et sur la Noue de Tamines à Sambreville. La technique d’arrachage de rhizomes montre de bons résultats dans la durée. L’effort sera poursuivi pour les années à venir.
Hydrocotyle fausse-renoncule
Quatre chantiers de gestions de l’hydrocotyle fausse-renoncule ont été réalisées sur le territoire de la Sambre, avec l’aide des étudiants ou de bénévoles.
La méthode de gestion consiste en un arrachage manuel, avec le placement d’un barrage flottant pour retenir les résidus de gestion. L’utilisation d’un float tube a permis de réaliser une inspection des berges en certains endroits.
Le site de la noue de Floriffoux (Floreffe)est géré depuis 2021. La population d’origine a presque disparu, avec moins d’un mètre carré de surface encore colonisée.
À Ham-sur-Heure-Nalinnes, la gestion d’un fossé contaminé sur 300 mètres a été entamée en 2022 sur sa périphérie afin de le contenir. Cette année, il s’agissait de réaliser la première grosse gestion au cœur du site afin d’affaiblir la population. Grâce à la coordination avec les services communaux, les efforts seront poursuivis.
À Florennes, le CRSA a géré un plan d’eau privé envahi sur une grande partie. L’effort de gestion devra être poursuivi afin de venir à bout de la population.
Sur l’étang du vieux château à Farciennes, le club de pêche a prêté main forte au CRSA. Un effort de gestion conséquent est à prévoir pour les années à venir au vu de l’étendue de l’invasion.